exposé: problemes generés par l'introduction de l'informatique dans la culture camerounaise

Publié le par machrisna

Résumé

L’informatique a souvent été considérée comme une solution aux multiples problèmes que connaissent les pays en voie de développement (PVD) comme le Cameroun dans le contexte actuel de mondialisation. Comme toute science ou toute technique, cette nouvelle discipline qui vient révolutionner le monde ne saurait être sans effets pervers.

L’objectif de notre étude est de voir quel impact  négatif implique  l’arrivée de l’informatique dans la culture  camerounaise. La finalité est de nous prononcer sur des perspectives futures de l’informatique dans la société camerounaise.

Nous nous  proposons à cet effet de présenter  la culture camerounaise sans l’introduction des technologies de  l’information et de la communication (TIC) pour en ressortir ses caractéristiques et ses faiblesses. Toutefois, afin de rouler en phase avec le du monde entier, l’intégration des TIC est indispensable ; d’ou une série de mesures pour une synergie culture /informatique

Abstracts    

Computer sciences have often been considered as panacea of multiple problems faced by developing countries like Cameroon in the present context of globalisation. Like all other sciences or techniques, this new discipline which comes to revolutionise the world will not without perverse effects.

The objective of the study is to see the negative cultural impact coming from the arrival of computer sciences in Cameroon. The focus is for us to base on the future perspectives of computer sciences in the Cameroonian society.

To this effect we are proposing to give a picture of the Cameroon culture before the introduction of the information and communication technologies (ICT) to bring out its characteristics and weaknesses. However, in order to be in phase with the entire word, the integration of ICT is necessary; thus, there should be measures for a synergy between culture and computer sciences


sommaire                                                                                                                    

Introduction.. 3

I.     Présentation de la culture camerounaise.. 5

A.        Culture camerounaise : traits caractéristiques. 5

B.        Culture Camerounaise : handicaps. 6

II.       Informatique et acculturation.. 7

A.        Culture camerounaise arrimée à l’informatique. 7

B.        Effets négatifs de l’informatique  dans la culture du Cameroun. 8

1.     Une culture camerounaise dominée par des cultures étrangères dans les TIC.. 8

2.     Vers une acculturation des camerounais. 10

3.     Une dépravation des comportements de plus en plus observable. 11

III.      Adaptation de la culture Camerounaise à l’informatique.. 13

A.        Les efforts gouvernementaux en la matière. 13

B.        Des dispositions pouvant adapter l’informatique à notre contexte culturel 14

Conclusion. 15

Bibliographie. 17

 


Selon l’Unesco :   « dans son sens le plus large,  la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent  une société ou un groupe social. Elle englobe outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humains, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances »( encyclopédie Wikipédia).Elle est de manière générale définie comme l’ensemble d’idées partagées et de comportements spécifiques à un groupe de personnes ou une société ; c’est une façon de penser, d’être et d’agir. Elle est perçue à la base comme un ajout que l’homme effectue sur sa nature (agriculture) pour la mettre en valeur. Ainsi contrairement  aux autres êtres vivants l’homme tout au long de son existence introduit des constantes, des rites, des règles qui le soustraient aux seuls ordres des conduites instinctives. Traduit de la sorte cet assemblage prend peu à peu pied à travers le temps et se légitimise en se transmettant de génération en génération: c’est la raison d’ailleurs pour laquelle on parle de culture morte (elle n’arrive plus à étendre ses racines au sein de la postérité) ou de culture vivante celle la qui suivant la théorie évolutive de Charles DARWIN mue,  se transforme et s’adapte à toute évolution sans perde de vue ses valeurs fondamentales. Il est donc important que tout peuple ait une culture qu’il observe, enrichit et transmet aux générations futures qui la perpétuent

Science du traitement rapide et automatique de l’information c’est une science logique bien qu’abstraite permettant la manipulation des idées. Vu de la sorte l’informatique semble être un élément pouvant jouer un rôle dans la divulgation ou diffusion  de la culture puisqu’elle pourra lui fournir des outils indispensables pour son expansion. De plus elle est devenue un indice révélateur du niveau de développement  d’une société, d’une culture.

C'est en 1962 que Philippe Dreyfus employa le mot informatique ; ce mot peut correspondre à deux groupes de disciplines distinctes: l'ensemble des techniques mises en œuvre pour l'emploi de l'ordinateur (électronic data processing); une science nouvelle, qui ne nécessite pas obligatoirement l'utilisation des ordinateurs, ces derniers n'en sont qu'un outil majeur (computer science). On peut donc affirmer que l'informatique est une discipline carrefour, dont les ordinateurs actuels, les structures intellectuelles (algorithmes de calcul) et institutionnelles (organisation comptable, organisation industrielle) déterminent en majeure partie le contenu.

Les technologies de l’information et de la communication ou informatique constituent ce que l’on qualifierait de grande révolution de ces dernières années pour reprendre ainsi l’expression de Ahmed Dahmani dans « TIC : une chance pour l’Afrique ? » : «L'avènement des TIC  et des biotechnologies constitue, sans conteste, les deux innovations majeures de ces trente dernières années. Elles provoquent déjà de profonds bouleversements dans les économies les sociétés, les cultures et accélèrent le processus de globalisation (…). L'engouement des pays d'Afrique pour ces technologies est réel. La progression des utilisateurs de la téléphonie cellulaire et des connexions à l'Internet est impressionnante. »( Ahmed DAHMANI,2005.P13)

 L’introduction de l’informatique dans le monde et dans la société camerounaise en particulier est donc désormais une nécessité.  Que ce soit dans les grandes ou petites entreprises, dans les écoles ou encore dans bien de domiciles privés, ces outils sont désormais des instruments familiers. L’informatique touche non seulement tous   les secteurs de l’activité humaine, mais elle en bouleverse les structures  et les mentalités ;  ce qui a des conséquences perceptibles dans les pratiques de chaque jour. L'espace est modifié par la mondialisation des communications, même si cette mondialisation ne signifie pas forcément «intelligence collective ».Car comme toutes mutations sociales elle est suivie de son corollaire de bienfaits et de méfaits, tout dépendant de l’utilisation qu’on en fait et de sa réelle nécessité.

 Parler des difficultés résultant de l’introduction de l’informatique dans notre société à travers Le thème « les problèmes culturels générés par l’introduction de l’informatique au Cameroun » nous amène à nous poser biens des questions sur l’impact  négatif de cette introduction dans la culture camerounaise. Comment est ce que l’informatique s’est incorporée dans les mentalités qui pourtant étaient conformes à un système de choses bien établies? Quels sont les conflits nés de cette introduction et les difficultés y résultant ?

Car comme bien sûr, il existait un système de comportements bien assis, une façon de penser établie, des structures bien ficelées, il est clair que l’introduction de l’informatique a soulevé des conflits et créé bien de changements ; et même son implémentation ne s’est fait sans heurts .D’où l’importance de présenter les grands traits de la culture camerounaise, des difficultés qui s’y sont posé du fait de l’introduction de l’informatique et de suggérer des palliatifs pour une bonne cohabitation entre les deux. Mais tout d’abord il convient de cerner les concepts sur lesquels reposera cet exposé

 Le Cameroun encore appelé « Afrique en miniature » se distingue par sa diversité culturelle de laquelle ressortent des points saillants formant sa force, mais aussi ses faiblesses.

Culture camerounaise : traits caractéristiques

En Afrique, le Cameroun se distingue par sa diversité ethnique. En effet le Cameroun compte plus de 250 ethnies (bamilékés, bassa, douala, massa…..) qui parlent toutes des dialectes différents les uns des autres. De plus, de part son héritage colonial, aucune langue nationale n‘est officielle, mais il existe plutôt deux langues officielles à savoir le français et l’anglais.

Le mode de vie au Cameroun est par essence communautaire : l’individualité n’y a presque pas de place ; on ne vit que pour la communauté et grâce à celle-ci (exemple de la famille étendue). C’est au sein de cette communauté qu’il y a transmission des valeurs des parents aux enfants. Ses valeurs avec entre autre le respect sans bornes des aînés ont pour conséquence sur le plan éducatif (tant au niveau formel qu’informel), un apprentissage qui reste classique: le maître, le professeur et même le parent est le seul à détenir le savoir et à le transmettre à l’enfant. Le rôle de l’enfant ici est passif. L’éducateur détient seul le monopole de la connaissance.

L’économie Camerounaise est embryonnaire : sa capacité de production est assez réduite. En effet le secteur primaire caractérisée par l’agriculture a une place prépondérante (il occupe environ 70% de la population active).le secteur secondaire (industries)  quant à lui est peu développé ; le secteur tertiaire est marqué par la lenteur tant au niveau de la mise sur pieds des infrastructures que sur la gestion des plans de carrières dans l’administration publique.

Au niveau communicationnel il existe de véritables instruments permettant d’établir la communication entre les membres du groupe et même entre différents groupes ; tel est le cas pour l’utilisation des tamtams, balafons... La dimension artistique occupe une place de choix elle permet le brassage des populations à travers la musique, la peinture, la danse, la poésie….

La culture camerounaise a certes des caractéristiques fortes qu’il y a lieu de préserver. Il n’en demeure pas moins que certaines d’entre elles puissent jouer en sa défaveur.

Culture Camerounaise : handicaps

Certains aspects de la culture camerounaise constituent bien souvent un frein pour son épanouissement :

Au Cameroun la pluralité de langues est un réel problème ; elle engendre une multitude de micro-cultures. En effet, il existe des  cultures bamiléké,  Douala, Bassa, Ewondo,  Foufoulbée…, autant qu’il y a d’ethnies au Cameroun. Ceci crée bien souvent des conflits culturels : Chaque groupe réclame sa suprématie par rapport aux autres groupes, d’où un problème de tribalisme car chacun veut promouvoir l’image de sa propre culture. C’est l’image du pays entier qui en souffre; car, il devient difficile de promouvoir la culture nationale. L’absence  d’une langue nationale officielle accentue un peu plus ce conflit et fragilise ainsi l’ensemble des cultures Camerounaises

 Société conservatrice par excellence (exemple des systèmes de chefferies à l’ouest et nord), elle est basée sur le secret de la tradition où seuls les initiés y ont accès : la connaissance des rites n’est pas l’apanage de tous. Ce qui crée au niveau des populations un renfermement sur soi (cas des mariages imposés entre ressortissants de la même région)  et une dépendance accrue vis-à-vis de la tradition (cas des cérémonies de veuvages, de dote, d’héritage…).

De plus en dehors de quelques langues qui peuvent être écrites, la grande majorité des dialectes nationaux ne le sont pas. Ainsi, assurer une transmission continue de la culture entre les générations est une activité très complexe. Les langues officielles sont à cet effet de plus en plus utilisées pour assurer la pérennité de la culture entre les générations passées et les générations futures. Mais combien de personnes peuvent se servir de ces langues ?

 Le taux d’alphabétisation est encore peu élevé au Cameroun. Par analphabète on sous-entend toute personne incapable de lire et de comprendre un texte simple ou de décrire une idée ou sa pensée par écrit. Et malgré tous les efforts déployés par les pouvoirs publics, en vue de la scolarisation ces dernières décennies, le nombre de personnes sous scolarisées est encore assez élevé. Il semble alors difficile de s’approprier des connaissances lorsque ces dernières se transmettent par des livres. Mais pis encore pour ce qui concerne l’informatique qui nécessite la connaissance de l’anglais.

Culture camerounaise arrimée à l’informatique

Au lendemain des indépendances (1960), avec le souci de l’industrialisation de l’économie camerounaise, l’informatique va faire son apparition dans la société ; et ceci beaucoup plus dans les structures étatiques.

Ainsi dans le souci de pouvoir suivre la plupart des dossiers de ses agents, l’état va doter ses ministères de services informatiques; les grandes structures publiques, parapubliques et même privé ne seront pas en reste. Il y existe un service comptabilité qui dispose souvent de plusieurs postes d’ordinateurs permettant le suivi de l’évolution de  l’entreprise.

Jusqu’au début des années 90, l’informatique au Cameroun restait un mystère pour le profane. Le milieu des années 90, avec le processus de mondialisation va voir la démystification de l’outil informatique et des métiers d’informaticiens. Le gouvernement, afin de promouvoir l’informatique au sein des populations va lancer avec l’appui du directeur de l’IAI Cameroun un programme de d’initiation des femmes à l’outil informatique avec le programme «100 000 femmes horizon 2012».

Sur le plan scolaire, la matière informatique est inscrite au programme des élèves du primaire et du secondaire. L’apprentissage de l’informatique dans ces établissements a été instauré officiellement par le président de la république Paul Biya en 2001. La filière informatique est créée à l’ENS en 2007 afin de pouvoir former les professeurs qui vont dispenser cette matière. L’avènement de l’outil internet, va encore précipiter la popularisation de l’informatique avec la création des cyber- café dans la plupart des grandes villes du Cameroun.

Alors que l’informatique est encore en plein essor au Cameroun, l’on se rend compte aujourd’hui qu’elle n’apporte pas que des avantages en société, mais que son introduction dans celle-ci peut aussi être source de perturbations pour l’environnement culturel. D’où la nécessité de jeter un coup d’œil sur les différents problèmes qu’elle génère dans notre société.

Effets négatifs de l’informatique  dans la culture du Cameroun

Le monde est devenu aujourd’hui un village planétaire. Le terme mondialisation qui autrefois était commercial, et financier  prend désormais une connotation culturelle. En effet, l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication et autres médias, au Cameroun implique la rencontre entre deux cultures : celle du Cameroun et celle du reste du monde. La culture camerounaise est plus que jamais menacée : elle est moins perçue dans les médias et autres moyens de communication, on assiste à une acculturation des camerounais, et à une perte des valeurs et comportements traditionnels.

Que ce soit dans le pays ou hors du pays, la culture camerounaise est peu perçue dans les médias par rapport à celle des autres pays, notamment les pays occidentaux. Les modèles de consommation les plus prisés sont des modèles occidentaux. Grâce aux médias et plus récemment Internet, nous sommes de plus en plus envahis par des publicités de marques étrangères dont l’objectif principal est la promotion de la culture occidentale, ceci au détriment des cultures africaines et camerounaises en particulier. Dominique Pasquier sociologue de la culture et des médias à l'EHESS, observe dans son dernier ouvrage, Cultures lycéennes : la tyrannie de la majorité (2005), que la culture cultivée n'est plus la référence partagée. C'est une nouvelle culture qui émerge, faite d'éléments composites extraits du cinéma, de la radio, de la télévision et surtout d'Internet. Sans doute largement une des formes d’une affirmation générationnelle. Cette suprématie est inhérente à certains facteurs qui jouent en défaveur du Cameroun.

D’abord le coût élevé de la facture numérique et des outils informatiques limite les efforts de promotion des marques camerounaises. En effet les camerounais n’ont déjà pas  des ressources suffisantes pour se nourrir ; la priorité ici est la satisfaction des besoins essentiels. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication, de même que certains outils informatiques sont considérés par la majorité des camerounais comme des produits de luxe. Par ailleurs les entreprises camerounaises quelque soit leur domaines d’exercice n’investissent pas assez dans la publicité médiatique ; leurs prospections se limitent généralement au territoire national. Alors que les produits vendus par les entreprises sont de véritables vecteurs et communicateurs de la culture, nous sommes envahis par des médias étrangers dont le contenu publicitaire de même que celui des programmes n’est qu’étranger.

Ensuite, les cultures africaines sont peu attrayantes. Le socio-ethnologue gabonais Bernardin MINKO MVE   justifie ce faible attrait ainsi : « De notre point de vue, il se situe à deux niveaux : insuffisance de marques africaines et incapacité d’émergence du génie africain. Autrement dit, d’une part, l’Afrique n’a pas de culture de diffusion dans ses offres. Elle n’a presque pas de volonté à vendre. (…) D’autre part, les cultures africaines prisent peu la mobilité. En cela, elles ne peuvent pas assurer la gestion de l’information. »(2005). Comment les camerounais veulent-ils faire assurer la permanence de leur culture s’ils ne veulent pas l’exposer pour la faire connaître par le plus grand public ?

Enfin la maîtrise de l’audiovisuel par les américains

Suite à un harcèlement par les cultures étrangères et à un manque de connaissances suffisantes sur leur propre culture, les camerounais aujourd’hui ont adopté une culture mixte composée d’un mélange de culture traditionnelle et de culture importée. Ce phénomène est l’acculturation.

« L’acculturation est un ensemble de phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraîne des modifications dans des modèles de vie culturels de l’un des deux groupes. »(encyclopédie  wikipédia ) dans notre contexte, internet l’audiovisuel, les télécommunications, bref toutes les applications de l’informatique ont rapproché les camerounais des autres cultures. La culture camerounaise devient de plus en plus métissée : elle est un mélange de modèles culturels camerounais africains, américain, européen, asiatique...

L’introduction de l’informatique elle-même dans la société camerounaise est une acculturation. En effet, l’informatique est une culture occidentale qui vient chambouler nos manières de vivre. Des exemples de changements sur le plan social, et dans la communication nous permettrons d’illustrer ces changements.

Dans la société, les technologies de l’information et de communication ont entraînés :

la modification de la manière de vivre. L’avènement de l’informatique au Cameroun apporte de nouveaux métiers. De même d’autres métiers qui déjà existaient avant, sont appelés à disparaître du fait qu’ils ne sont plus adaptés au nouveau contexte de TIC. Il va se poser ainsi d’une part un problème de formation dans les nouveaux métiers d’autres part un problème de chômage. Ceci implique donc pour la société un besoin de réadaptation permanent étant donné que les technologies de l’information et de la communication évoluent au jour le jour.

 Par ailleurs on constate un retournement de plus en plus fréquent vers la consommation des produits de culture étrangère et, une banalisation de nos propres produits. Que ce soit dans les domaines culinaires, vestimentaires, éducatifs, on assiste à une occidentalisation de la communication.

Dans le domaine de la communication, les TIC (téléphones, télégraphes, internet…) ont contribués à un éloignement entre les camerounais. En effet, les camerounais comme la majorité des autres Africains ont par essence une culture humaniste : l’individu est solidaire du groupe auquel il appartient, et, la cohésion du groupe est renforcée par les moyens de communication traditionnels qui nécessitent la plupart de temps la présence des deux protagonistes dans la communication. Le téléphone aujourd’hui est devenu un objet banal car on le retrouve désormais même dans l’arrière pays. Les membres d’une famille, d’un groupe n’ont plus besoin de leur présence mutuelle pour communiquer : ils sont susceptibles désormais de passer des années entières sans pour autant se rencontrer. Des individus constamment éloignés courent le risque de voir se perdre les sentiments d’attachement, d’empathie et de solidarité qui sont les caractéristiques intrinsèques à notre culture. Cet état de chose entraîne une érosion de notre culture humaniste et un renforcement de l’individualisme.

En outre les TIC entraînent une disparition de nos instruments de communication traditionnels. Combien dans nos villages aujourd’hui peuvent communiquer par tam-tam ? Combien sont-ils qui peuvent interpréter le son d’un instrument de musique traditionnel. Les TIC sont entrain de chasser nos moyens de communications traditionnels.

. Les cultures sont en perpétuelle évolution, elles s’améliorent et sont permanemment en contact avec d’autres cultures. On peut s’approprier les éléments de la culture d’autrui sans toutefois refouler ceux de sa propre culture. L’acculturation devient encore plus problématique lorsqu’une culture subit des influences négatives d’une autre.

Au Cameroun on constate une dépravation de mœurs croissante : Le nombre d’usagers d’Internet s’accroît au fil du temps et cette pratique se banalise. Souvent, malgré le manque de moyens économiques, les populations jeunes des grandes villes arrivent à se connecter à Internet au moins pendant 2 à 5 heures de temps quotidiennement; très souvent à la recherche des sites soit pornographiques, soit de jeux, et  acquièrent ainsi sans le vouloir une éducation morale qui souvent ne coïncident pas à celle désirée par leurs géniteurs. Il s’en suit  comme on le remarque de plus en plus un problème crucial de conflit culturel et de conflit de génération parce que la perception des valeurs morales entre jeunes et vieux n’est plus la même. Aurélie gono parle de  « Fossé générationnel »

Le sociologue américain Ronald Inglehart auteur de travaux sur les « sociétés post matérialistes » qui montre comment les phénomènes se cristallisent dans les cohortes plus jeunes. En d’autres termes, c’est la date de naissance qui détermine le système de valeur qui ne se transforme que marginalement au fur et à mesure que le temps s’écoule. Cette évolution sociétale sans équivalent, irréversible, comporte des risques qui devraient être civilement, civiquement, médiatiquement pris en compte, en particulier dans la formation.

L’autre problème auquel la culture camerounaise doit faire face est celui de la cybercriminalité. En effet, avec la venue de l’Internet, le constat qui a été fait est que des femmes et même des hommes ont souvent abandonné leurs époux et enfants pour pouvoir rejoindre l’âme sœur rencontrée sur la toile à travers les sites de rencontre. Mais malheureusement dans bien des cas cela s’est trouvé être des réseaux de prostitution internationaux. Nous relèverons aussi le cas des offres de bourses et travail qui inondent le net qui sont bien des fois des réseaux d’escroquerie qui malheureusement ne peuvent encore être contrôlés. De plus des études récentes ont démontrées un accroissement des comportements agressifs et déviants chez les jeunes du fait de l’exposition à certains  jeux vidéo brutaux et programmes véhiculés par les médias.

Dans notre économie, si l’informatique demeure un indice de mesure de la richesse d’un pays, son introduction ne fait pourtant pas des heureux dans la société. L’informatisation de la création des richesses a aggravé le problème du chômage dans notre société. En effet les tâches administratives où l’homme était important pour leur accomplissement, sont désormais exécutées par la machine (cas de la disparition du métier de secrétaire de direction). Le rapport Nora-Minc souligne qu’au niveau économique, l'informatisation de la société est au cœur de la crise puisqu'elle peut, selon les stratégies adoptées, l'aggraver ou la résoudre.

Un autre phénomène qu’il ne faudrait pas négliger est que l’informatisation peut contribuer à noyer toute une économie sans que l’on ne s’en rende compte rapidement (cas de la crise financière qui sévit encore de nos jours).Pour J. Attali (La nouvelle économie française, Paris, Flammarion, 1978) la vision de la société informatisée véhiculée ici est fortement négative: il s'agit d'une société d'auto-surveillance, totalitaire, normalisée, marchande, où les rapports humains sont évacués.

Bien que l’introduction de l’informatique génère une multitude de problèmes au sein de notre culture l’informatique semble être un outil indispensable dont on ne peut faire abstraction. Certains palliatifs doivent être mis sur pied pour conjuguer une meilleure cohabitation entre les deux. Certains jalons pourraient donc être posés pour une meilleure adaptation de l’informatique à la culture camerounaise.

Comme nous venons de le constater les problèmes culturels engendrés par l’avènement des TIC sont de plusieurs ordres .Face à cette situation où nous nous sommes rendus, nous ne saurons rester  les bras croisés. C’est ainsi que nous allons suggérer cet essai de guide pratique et pédagogique en vu de remédier à ces problèmes .Toutefois saluons les efforts entrepris jusque là par les autorités politiques.

Les efforts gouvernementaux en la matière

 Les autorités camerounaises  déploient depuis quelques années d’énormes efforts en vue de la vulgarisation des novelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Il est question d’une part de former les populations à l’utilisation de l’outil informatique, d’autre part de leur permettre de pouvoir communiquer à moindre coût.

  Concernant la formation, en 2001 lors d’un discours officiel adressé à la nation le Président de la République SE Paul BIYA instaure l’enseignement de l’informatique dans les établissements primaires et secondaires. Quelques années plus tard, on note une concrétisation de cet acte par la création des centres multimédia dans divers établissements. Aujourd’hui, l’informatique est effectivement enseignée dans les établissements scolaires, bien que bon nombre d’entre eux ne soient dotés d’outils  adéquats et d’enseignants qualifiés en la matière. On note cependant une mobilisation des associations de parents d’élèves qui achètent des machines pour les établissements. Dans ce même ordre d’idée, il a été créé en 2007 une filière informatique à l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé en vue de  former des professeurs d’informatique pour remédier à ce problème de carence d’enseignants dans le domaine.

En août 2003, le directeur résident de l’IAI-Cameroun Armand Claude ABANDA lance l’opération 100000 femmes horizon 2012. L’objectif est de former des femmes capables de se servir de la bureautique, d’Internet et des outils informatique. Les femmes de ce programme sont issues de toutes les couches sociales et sont formées à travers tout le territoire national. Les femmes ainsi ne verront plus les TIC  comme un Mystère, mais, elles pourront les utiliser afin de promouvoir leurs savoir-faire et savoir-être culturels.

La réduction des coûts de communication est un sujet très débattu aujourd’hui. En effet, les TIC sont perceptibles et se son faites adoptées à tous les niveaux et sur tout l’étendu du territoire. Aussi pour permettre une accessibilité de tous aux  TIC , et, pour réduire les coûts de communication qui appauvrissent les camerounais, le ministère de commerce est en permanence en négociation avec les opérateurs du secteur pour une facture numérique moins élevée.

Ces mesures ne constituent pas une fin en soi. Les attentes sont plus grandes, d’ou ces quelques propositions qui pourraient être utiles

Des dispositions pouvant adapter l’informatique à notre contexte culturel

L’informatique et autres TIC son devenu un mal nécessaire pour notre culture. Si nous voulons conserver notre culture nous devons prendre des mesures corrective et anticiper sur son impact négatif. Ces mesures sont essentiellement éducatives. IL s’agit de :

Un accroissement du nivaux de scolarisation des camerounais afin qu’ils soient capables d’utiliser les outils informatiques de manière rationnelle

 Sensibilisation (à travers des campagnes comme on le fait avec les maladies pandémiques) des populations quant à une utilisation efficace et efficiente de l’ordinateur.

les ministères des postes et des télécommunications et de la communication doivent pouvoir disposer de la capacité de filtrer et de contrôler les sites qui sont envoyés sur la toile.

les promoteurs économiques camerounais ainsi que l’Etat doivent pouvoir se servir de la diversité culturelle du Cameroun pour en faire sa vitrine. (Bref nous devons apprendre à nous promouvoir nous même.)

il doit exister une relation triangulaire entre l’outil informatique, l’enseignant et l’éducation

les enseignants d’informatique que nous sommes appeler à devenir ont pour mission principale de révolutionner l’enseignement en promouvant l’intégration de l’informatique dans les autres disciplines.

l’enseignant doit avoir le souci de montrer aux élèves à quelles fins utiliser l’outil informatique.

il ne faut pas aussi oublier que les parents doivent remplir leur rôle d’éducateurs  et de gendarmes  à la maison parce qu’ils sont l’un des principaux vecteurs de la culture.

Nous étions appelés à étudier les problèmes culturels générés par l’introduction de l’informatique au Cameroun. Il ressort de ce travail que l’informatique dépasse le cadre unique de l’ordinateur. Son avènement au Cameroun  est matérialisé par un changement de mentalités, de comportement et de valeurs. Ainsi dans notre pays, le phénomène d’acculturation, les comportements déviants, ainsi que des effets pervers sur notre économie sont de plus en plus perceptibles. Cet état de chose a été favorisé par la structure de la culture camerounaise elle même: d’une part elle a des points forts, d’autre part, certaines conditions telles que l’analphabétisme des populations ont contribué à sa déstabilisation face à cet adversaire redoutable qu’est l’informatique.

L’informatique est un produit de la mondialisation que l’on ne saurait écarter. Elle regorge également de nombreuses opportunités. Son adaptation à notre contexte est indispensable afin de permettre une synergie entre elle et notre culture. Des mesures supplémentaires doivent être prises.


J. Attali La nouvelle économie française, Paris, Flammarion, 1978

Johanne Bergeron (Université de Montréal) Politique, vol. 1, n° 2, 1982, p. 153-165.

« L’informatisation de la société : une réflexion critique autour de quelques ouvrages récents ».

http://www.erudit.org/documentation/eruditPolitiqueUtilisation.pdf

S. Nora et A. Mine (JJ informatisation de la société, Paris, La documentation française, 1978).

Aurélie Gono «  Une première histoire de Terminal »  (Article rédigé à partir du mémoire de maîtrise Politique éditoriale de Terminal 1980-95 - Nanterre - Juin 2003.)

PASQUIER Dominique Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité. Paris : éditions Autrement, 2005. 180 p. (Collection « Mutations », n° 235) ...
http://www.cndp.fr/RevueDEES/notelecture/200603-02.htm

Ahmed Dahmani et al, Société numérique et développement en Afrique. Usages et politiques publiques, édition Karthala, 2005, 379 P          

Bernardin MINKO MVE , « Culture africaine et mondialisation »,2OO5 , http://bernardinminko.site.voilà.fr/Index.jhtml

http://wikipedia.org

Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Culture

Il s’agit du titre de la première partie du livre Société numérique et développement en Afrique. Usages et politiques publiques qui peut également retrouvée sur  http://www.iut-orsay.u-psud.fr/modules/resources/download/orsay/Laboratoires/AMETIS/Programme_de_recherche_sur_TIC_et_Developpement/Les_TIC_une_chance_pour_l_Afrique.pdf

Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Acculturation

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
<br /> bon article, très instructif. mais à mon avis, l'informatique est loin d'être un "mal" nécessaire. elle est tout simplement nécessaire pour notre culture car à travers cet outils, nous pouvons<br /> véhiculer nos cultures et les faire connaitre à travers tout le monde entier.<br /> <br /> <br />
Répondre